Levanzo et Favignana, escapade sur les îles Égades

Elles sont au nombre de trois, répondant aux jolis noms de Levanzo, Favignana et Marettimo, délicates et fragiles, perdues dans les flots bleus de la Méditerranée. Les îles Égades ont le charme de ces lieux qui cultivent la simplicité et récoltent la douceur de vivre. Elles se laissent porter par les années sans chercher à se renouveler, sans basculer dans le bling-bling. Un coup de pinceau sur des volets écaillés, une fleur rempotée, un coup de balai sur le quai… et la saison touristique peut commencer !

Carte : les îles Égades

 

C’est au cours de notre road trip à l’ouest de la Sicile que nous prenons le temps de réaliser ce petit crochet marin, court mais savoureux, sur deux des trois îles Égades : Levanzo et Favignana.

 

Levanzo, l’île-village

Depuis le port de Trapani, nous prenons la mer en direction de Levanzo. En guise de navire, un hydrofoil de dernière génération qui décolle littéralement et soulève des panaches d’eau sur son passage. Comme elle semble lointaine, l’époque de nos rafiots de bois asiatiques qui tombaient en panne à mi-parcours ! À peine trente minutes plus tard, le capitaine amerrit dans le minuscule port de Levanzo et nous jette à quai en un élégant dérapage contrôlé.

Nous ne sommes qu’une poignée de touristes à poser le pied sur l’île en cette rayonnante journée d’avril. Et quelle île ! Nous nous pinçons et toquons sur quelques murs pour vérifier qu’il ne s’agit pas d’un décor de carton-pâte.

Île de Levanzo en Sicile, Italie

Le seul et unique village de Levanzo consiste en une trentaine de maisons blanches, coincées entre une crique à l’eau turquoisissime et la montagne. Rien ne bouge, mis à part la queue d’un chat alangui et les vaguelettes qui clapotent. Nous nous promenons en chuchotant, de peur de troubler la sieste des habitants qui demeurent invisibles. Ah tiens, voici un papi qui ferme les yeux sur un banc, la tête appuyée sur sa canne.

Levanzo, îles Égades, ItalieLevanzo, îles Égades, Italie

Notre plan n’est pas de dormir à Levanzo, les logements étant particulièrement rares et donc chers. Nous nous contenterons d’une promenade et d’une trempette d’orteils dans une crique avant de nous envoler par le ferry suivant.

Après avoir fait le tour du village trois fois en cinq minutes, nous hésitons. Partir vers la droite ou vers la gauche de l’île ? Un circuit de 12km est réalisable, mais il nous manque quelques heures ou quelques litres de boisson énergisante pour le boucler dans les temps.

Dessin : à droite ou à gauche ?

Finalement, nous explorons un peu à droite, puis beaucoup à gauche, avant de revenir à droite. La beauté des paysages nous scotche. Nous sommes seuls parmi les fleurs sauvages, les broussailles méditerranéennes et les lézards ou albatros que nos allers-retours laissent perplexes.

Randonnée à Levanzo, SicileLézard en Sicile, Italie

Un invité surprise d’un autre type fait son apparition sous la forme d’un énorme nuage, répandant en quelques minutes sa noirceur au-dessus de notre île. Nous lui bottons les fesses dès les premières gouttes et lui intimons d’aller déverser sa mauvaise humeur ailleurs. Non mais !

Dessin : Dégage le méchant nuage !

 

Ciel d'orage sur les îles égades, Sicile

Avant de reprendre le ferry, nous commandons une glace au seul bar ouvert. Ah non, pas de gelato au menu, la saison ne démarre qu’au mois de mai. La machine à espresso fonctionne, l’honneur est sauf.

 

Favignana, la plus peuplée des îles Égades

Dix minutes de ferry-volant plus tard, nous voilà à Favignana. Le charme de l’île saute moins directement aux yeux qu’à Levanzo, mais le simple fait d’arriver par bateau sur une isola isolée suffit à nous la rendre adorable.

Vélo dans la ville de FavignanaÉglise de Favignana, Sicile

Longtemps, Favignana ne vécut que de la pêche, en témoigne l’énorme conserverie qui jouxte le port. Elle fut fondée par la richissime famille Florio qui acheta l’île entière, inventa la mise en boîte du thon et… devint encore plus riche. De nos jours, ce sont surtout les touristes que Favignana prend dans ses filets et elle ne conserve que ce qu’il faut de pêcheurs pour animer le port.

Île de Favignana, SicilePêcheur dans son bateau, Favignana, Sicile

Nous posons nos affaires dans un B&B à quelques pas du port et partons à la découverte de la ville principale. Rien de particulier à visiter, une église par-ci, des amis qui papotent par là, des triporteurs larges comme leurs conducteurs… le tout dans une ambiance particulièrement détendue. En témoignent les bicyclettes adossées aux murs, que personne ne prend la peine d’attacher. Qui serait assez cruche, de toutes façons, pour filouter un vélo sur une île où tout le monde se connaît ?

Rue de Favignana, Sicile, ItalieCycliste à Favignana, Italie

Nous nous adaptons aux coutumes locales en louant des vélos pour quelques heures (les loueurs se sont regroupés près du port et pratiquent tous le même tarif de 5€ la journée). Nous longeons la mer vers l’est en visant la Cala Rossa. Nous ne voyons pas bien ce que l’elle peut avoir de « rossa » (rouge) puisqu’elle abrite surtout une eau d’un bleu venu de l’espace !

Cala rossa, Favignana, Sicile

Puis nous rejoignons les plages de sable de la côte sud via d’étranges paysages façonnés par l’homme dont nous vous laissons la surprise. Indice : attention où vous roulez !

Autant nous trouvions que la Sicile avait de gros problèmes d’abandons de déchets, autant ces îles Égades sont propres, immaculées. Voilà qui fait plaisir ! Mais plus que pour la beauté des chemins, c’est pour l’ambiance tranquille et la caresse du soleil printanier que nous gardons un excellent souvenir de cette virée à deux roues.

Fleurs sur l'île de FavignanaColline de Favignana, Sicile

Pour dîner, nous faisons halte dans un snack qui, peuple de pêcheurs oblige, s’est spécialisé dans la friture. Pas uniquement du poisson, heureusement. Leurs frites de courgettes, carottes, choux-fleurs et autres légumes s’avalent toutes seules.

C’est le moment que choisit le nuage de Levanzo pour rappliquer et s’abattre de toutes ses gouttes sur Favignana… Raté gros nigaud. Nous terminons tranquillement notre repas à l’abri et ressortons sous un coucher de soleil grandiose !

Coucher de soleil à Favignana, SicileCoucher de soleil sur l'île de Favignana

Le lendemain, souhaitant prolonger notre découverte favignanaise, nous nous extirpons du lit à l’aube. Un exquis petit déjeuner plus tard, nous nous élançons vers le point culminant de l’île : la colline Santa Caterina. Deux heures suffisent pour l’aller-retour.

Château sur la colline de Favignana, Italie

L’objectif de la matinée !

L’itinéraire est simple. Il suffit de contourner le port…

Peinture sur un bateau de pêche, Sicile

… jusqu’à l’entrée de la tonnara

Tonnara de Favignana, Sicile

… puis d’emprunter la route goudronnée qui monte vers le ciel. Au moment où elle se transforme en chemin de terre, il ne reste plus qu’à repérer l’escalier qui grimpe sur la gauche et faire chauffer les mollets jusqu’à la forteresse normande abandonnée.

Dessin : la forteresse normande de Favignana est-elle vraiment normande ? Réponse : p'têt ben qu'oui, p'tête ben qu'non !

La Corée du Sud n’a pas le monopole des matins calmes. Nous sommes seuls au monde pour admirer l’île dans sa globalité depuis notre belvédère.

Vue panoramique sur Favignana, Îles ÉgadesFavignana et Levanzo, îles Égades

Hélas, il est déjà l’heure de dire adieu à notre archi-bel archipel. Nous quittons le port de Favignana sous l’œil d’une statue religieuse et pénétrons dans celui de Trapani… sous l’œil d’une autre. Le système de sûreté maritime à l’italienne.

 

Et Marettimo alors ?

Nous ne saurions trop vous dire ce qu’il en est, puisque nous ne l’avons pas visitée. Y faire étape aurait pratiquement doublé le budget ferry. D’après les échos que nous en avons eu, Marettimo semble un juste milieu entre Favignana la peuplée et Levanzo la sauvage. N’hésitez pas à nous donner vos impressions !

 

Notre avis sur les deux tiers des îles Égades

Favignana et Levanzo ont un charme fou ! La vie tourne au ralenti au milieu des pêcheurs et une légère sensation de bout du monde s’en dégage malgré la proximité des côtes siciliennes. Passez-y une nuit ou deux si vous êtes dans le coin, quitte à retirer quelques endroits de votre circuit en Sicile « continentale », car vous n’y retrouverez pas une telle ambiance.

 

Conseils pratiques pour visiter les îles Égades

Prendre le ferry depuis Trapani

La compagnie qui gère les bateaux rapides s’appelle Liberty Lines. Les billets peuvent s’acheter au port de Trapani et c’est ce que nous avons fait en basse saison. En haute saison, il est fortement recommandé de réserver via le site officiel (en italien par ici ou en anglais par là). Même endroit pour consulter les horaires. Nous avons payé 10,62€ par personne de Trapani à Levanzo (durée 30-40 minutes selon le circuit du bateau), 5,50€ de Levanzo à Favignana (10 minutes) et 9,12€ de Favignana à Trapani (30-40 minutes).

Il existe, paraît-il, des ferries lents qui acceptent les voitures, mais nous ne les avons pas aperçus. Quoi qu’il en soit, ne vous embêtez pas à emporter votre bolide sur les îles, ce serait cher et peu utile. Laissez-le sur un parking de Trapani.

Venir à Trapani depuis Palerme en bus

Pour ceux qui visiteraient la Sicile sans voiture, des bus de la compagnie Segesta rallient Trapani soit depuis le centre de Palerme, soit depuis son aéroport, en 2h pour 9,60€. Vous pouvez consulter les horaires ici.

Dormir sur l’île de Favignana

Les prix sont un peu plus élevés sur les îles Égades qu’ailleurs en Sicile. Nous en avons néanmoins eu pour notre argent au B&B Il Tufo (~55€ hors saison)i, très confortable, proche du débarcadère et fournissant plein de bons conseils. Le petit déjeuner compris, à déguster sur le toit, était notre meilleur en Sicile.

Dîner sur l’île de Favignana

Nous n’avons pas cherché à dîner dans un restaurant, mais simplement visité l’un des bons petits snacks de la ville. Le nôtre s’appelait U Coppu, géré par un sympathique duo grand-père / petit-fils.