Après notre étape sur les montagnes de Coorg, nous redescendons de l’autre côté, à Mysore. Une ville qui s’avérera l’une de nos préférées en Inde du Sud.
Alors que les grandes villes indiennes laissent généralement une impression de cacophonie urbanistique, nos yeux ébahis tombent à Mysore sur de larges avenues, des parcs bien verts et même des ronds-points à sens unique. Nous précisons à sens-unique parce qu’ailleurs en Inde tout le monde n’a pas encore bien saisi le concept du rond-point !
Le plus frappant, ce sont les bâtiments pompeux, palais et autres coupoles dorées qui parsèment ces vastes espaces. Le centre de Mysore a clairement des airs de quartiers royaux londoniens, la chaleur et les rickshaws en plus. Même si nous découvrirons par la suite des arrondissements autrement plus chaotiques, au premier abord Mysore nous paraît so chic.
Mysore la (bonne) vivante
La ville est animée et dynamique, mais pas stressante pour autant. C’est suffisamment rare en Inde pour le signaler. Nous pouvons nous promener tranquillement sans risquer de nous faire renverser à chaque rue traversée.
Les Mysoriens entretiennent parfaitement leur réputation de gens sympathiques. Les commerçants sont d’une humeur rayonnante et il suffit de s’éloigner des rues principales pour récolter une moisson de joyeux bonjours.
Vous vous demandez peut-être si l’Inde est un pays sûr. Oui, douze fois oui. Peu importe où nous nous promenons, de jour comme de nuit, nous nous sentons en parfaite sécurité au milieu des Indiens.
Les vaches semblent elles aussi à l’aise en Inde. Quasiment absentes des routes du Kerala, elles sont en nombre à Mysore, traversant où bon leur semble, s’allongeant en plein carrefour, parfaitement insensibles aux concerts de klaxons qu’elles provoquent. Nous remarquons toutefois que les Indiens, pas fous, klaxonnent moins face à un taureau.
La nourriture de Mysore s’est taillée une certaine réputation dans le pays. C’est la ville des palais… gourmets. Et la spécialité qui nous plaît le plus est bien évidemment la dosa de Mysore. Mais si, vous savez, les fameuses crêpes dont nous parlons dans chaque article.
Sur les conseils de notre auberge de jeunesse, nous nous rendons d’un pas assuré au restaurant Mylari, le plus réputé. Une fois à l’intérieur, nous sommes tout de suite moins confiants. Nous nous demandons même si nous n’allons pas amorcer un demi-tour devant l’état de propreté du lieu, sauf que l’ensemble des clients nous appelle et nous encourage. « Ce sont les meilleures dosas au monde ! », nous lance un homme en nous faisant place à sa table.
Verdict : qu’est-ce qu’elles sont bonnes ! Les dosas semblent fourrées d’une fondue de poireaux ou un autre légume du genre. Rapidement, nous réclamons une deuxième tournée, sous les sourires plus que ravis des autres clients qui s’enquièrent, pour le plaisir d’entendre notre réponse positive : « Alors, vous aimez la nourriture indienne ? ». Un jour, croyez-nous, les crêpes indiennes conquerront le monde.
Mysore est également connue comme haut lieu du yoga, attirant des pratiquants du monde entier. Coup de chance, notre auberge propose des cours gratuits sur sa terrasse. Nos muscles et articulations en voient de toutes les couleurs puisque nous restons cinq jours sur place.
Rien n’est trop beau pour un Maharaja
Il est temps de vous présenter la star de Mysore, le plus beau de tous les palais de la ville, celui d’Amba Vilas, plus simplement appelé Palais de Mysore. Nous esquivons sans souci l’arnaque d’un gardien qui veut nous faire payer l’accès aux jardins et tombons nez à trompe avec un éléphant. Ce n’est déjà pas courant.
Mais ce n’est rien en comparaison du bâtiment lui-même, spectaculaire. Tout l’imaginaire du palace de Maharaja s’y retrouve : coupoles, dorures, arches ciselées, balcons… Le deuxième monument le plus visité d’Inde mérite grandement sa place au classement !
Tandis que les touristes étrangers se pressent au Taj Mahal, ils sont ici extrêmement minoritaires. Une dizaine de demandes de selfies plus tard, avec des Indiens qui n’ont visiblement pas l’habitude de croiser des Européens, nous visitons l’intérieur du palais. Nous sommes tranquilles pour trente minutes car les photos y sont interdites !
Lors de nos voyages précédents, les smartphones étaient rares en Inde. Cette fois-ci, c’est la folie !
L’intérieur du palais de Mysore vaut le coup d’œil, avec ses salles richement décorées. Notre préférée associe à la perfection le turquoise, le rouge et l’or sous une profusion de colonnes et d’arches. Le prix d’entrée est de 50 roupies. Comme pour la plupart des monuments indiens, il est demandé de retirer ses chaussures. Nous serions reconnaissants si, en échange, la famille royale venait passer un petit coup de balai de temps à autre !
Le soir, les façades du palais s’habillent de lumière, nous laissant admiratifs.
Le clou du spectacle intervient chaque dimanche à partir de 19h. La foule entière, assise dans l’herbe face au monument, pousse un immense « WAAAAAAAAH » lorsque les 10 000 ampoules du palais et des bâtiments alentour s’illuminent simultanément, tandis qu’un orchestre entame son répertoire de musiques royales. Magique !
Si vous le pouvez, organisez votre voyage afin de dormir un dimanche à Mysore. À défaut, les illuminations classiques valent déjà le détour.
Devaraja Market : le marché le plus sympa d’Inde
Dans un style moins fastueux, nous nous rendons un matin au marché aux fruits et légumes de Mysore. Sans surprise, puisque nous sommes en Inde, les vendeurs sont amusés de nous voir et curieux de nous parler.
Ils raffolent des photos et nous demandent eux-mêmes de les immortaliser, y compris avec plusieurs kilos sur la tête !
L’unique règle à connaître pour survivre au Devaraja Market est de guetter du coin de l’œil les va-et-vient des porteurs. Ils cavalent avec des quantités astronomiques de marchandises sur la trogne et quiconque reste sur leur passage risque de se retrouver projeté dans l’un des sacs de piments rouges du décor.
La section du marché consacrée aux fleurs est également une belle découverte. Comme en Inde les bouquets n’existent pratiquement pas, les fleurs sont vendues sans tiges, soit au kilo, soit enguirlandées. À 20 roupies le mètre, c’est donné !
Mi-raison se fait ami avec un vendeur de jasmin et finit derrière son comptoir, à crier « MALIJ MALIJ MALIJ » (= JASMIN !) aux passants. Et cela fonctionne ! En moins de deux minutes et sous les hurlements de rire des vendeurs voisins, il obtient sa première cliente.
En ressortant par l’arrière du marché, nous tombons sur le quartier des grossistes de bananes, où des milliers de régimes circulent dans tous les sens.
Chamundi Hills, sur les hauteurs de Mysore
Le dernier jour à Mysore, nous montons dans un bus jusqu’au sommet de la colline Chamundi. Elle héberge deux temples hindous mais aussi, nous le découvrons rapidement, une famille nombreuse de singes.
Vous pensez qu’un singe est forcément trop choupinou ? Non. En Inde, ce sont de véritables teignes et il vaut mieux s’en tenir éloigné. Des panneaux omniprésents indiquent d’ailleurs de faire attention à ses affaires et surtout à soi-même.
Côté humains, il y a foule. Nous croisons de nombreux groupes de pèlerins, aisément reconnaissables à leurs tenues noires et jaunes. Il faut savoir que beaucoup d’Hindous ne compartimentent pas vraiment la religion et les loisirs, ce qui conduit à des scènes surprenantes. C’est ainsi qu’à l’entrée des temples les selfies sont légion tandis que les vendeurs de jouets ou de friandises font fortune.
Comme pour appuyer nos propos, les divinités sont mises en scène telles des personnages de parc d’attraction.
Nous visitons le temple principal (30 roupies), bondé de fidèles mais pas spécialement intéressant pour les touristes. Puis nous partons à la recherche d’un point de vue sur la ville de Mysore, que nous ne trouvons que deux kilomètres plus bas.
Bref, notre conseil est de ne monter sur les Chamundi Hills que si vous ne savez vraiment plus quoi visiter à Mysore.
Notre avis sur Mysore
Voici une vraie belle ville indienne ! La découverte de Mysore est incontournable, selon nous, si vous visitez l’Inde du Sud. Pour son palais étincelant, évidemment, mais aussi pour la bonne ambiance de ses rues et de son marché, ses restaurants typiques et la possibilité de parcourir les quartiers centraux uniquement à pied.
Conseils pratiques pour visiter Mysore
Transport entre Madikeri et Mysore
Plusieurs bus partent chaque heure pour un tarif de 113 roupies et une durée de 3h.
Transport entre Mysore et Bangalore
Il existe plusieurs bus par heure, ainsi que des trains. Faites attention autour des week-ends car les trains peuvent être complets une semaine à l’avance et les bus davantage bondés qu’en semaine.
Monter aux Chamundi Hills
Le bus n°201, moderne, climatisé et très fréquent, part du centre-ville et atteint le haut de la colline en une vingtaine de minutes. Tarif : 30 roupies. Google Maps vous aidera à trouver l’arrêt le plus proche de votre position.
Dormir à Mysore
Nous avons choisi l’auberge de jeunesse The Mansion 1907 (22€ la chambre double / 6€ le lit en dortoir)i, installée dans une élégante bâtisse. Deux cours de yoga sont offerts chaque jour, les petits déjeuners et repas proposés sur place sont bons et à prix dérisoire, et le tout est bien situé à Mysore. Seul problème, les espaces communs couverts de gros coussins donnent envie de rester paresser plutôt que de visiter la ville !
Restaurants à Mysore
Pour commencer, voici trois adresses non touristiques, pas glamour, mais réputées auprès des locaux.
- Mylari : les meilleurs dosas d’Inde, servies avec les mains pour plus de goût. Attention, ils ferment entre 12h et 15h.
- Hotel Guru Vegetarian : une cantine indienne typique avec une carte courte aux prix plus que corrects (100 roupies pour deux plats et deux chaïs). À tester si vous logez dans notre auberge, mais ne vaut pas le détour sinon.
- Tout près du palais de Mysore : le Cafe Aramane. Un restaurant bien indien, parfait pour un thali servi en deux secondes le midi.
Et pour changer de la nourriture indienne : Depth N Green, un tout petit restaurant indo-européen « healthy », situé dans le quartier des expatriés Gokulam. La carte est originale et les plats réussis.