Aujourd’hui, si vous le voulez bien, nous allons vous conter deux belles excursions réalisées depuis notre douce cité de Palerme. L’autre jour, nous évoquions la région à l’ouest de la Sicile. Cette fois, nous faisons volte-face et partons vers l’est : d’abord la photogéniquissime ville de Cefalù puis, à une autre occasion, les montagnes des Madonie.
Cefalù, l’une des plus belles villes de Sicile ?
Pour atteindre Cefalù, rien de plus simple. Nous grimpons dans un train à Palerme, admirons la mer pendant quarante-cinq trop courtes minutes et oh !… mais… oh là là ! Qui a eu le génie d’installer une ville ici ? Des centaines de toits rouges se serrent comme des sardines entre l’eau translucide et un énorme rocher. LE rocher, puisque les habitants l’appellent la Rocca.
Nous avons beau n’être qu’un matin d’avril et les Siciliens ont beau se calfeutrer dans leurs doudounes, les touristes savourent déjà le plaisir d’enfiler leur maillot et de bronzer sur la plage. Certains se lancent même dans quelques brasses courageuses et ressortent bleus, grelottants, mais fiers.
L’été c’est, paraît-il, une autre histoire. La plage aligne des lidos, c’est-à-dire des zones privées débordant de parasols et transats loués à des tarifs invraisemblables.
Nous époussetons le sable coincé entre nos orteils et pénétrons dans le centre de Cefalù. Tiens… nous ne sommes pas seuls.
Le centre historique est tout petit, presque un village, mais ses deux ruelles principales sont entièrement dédiées au tourisme. Beaucoup de magnets, mugs, peluches et autres bibelots, dont une partie revêtent le très déconcertant symbole de la Sicile.
Un tel emblème nécessiterait une explication sérieuse, que nous ne connaissons pas. En revanche, nous avons notre petite idée sur la façon de se déplacer de cette créature…
Revenons à notre exploration. Emportés par la foule, nous atterrissons bientôt sur la piazza del Duomo, qui est ni plus ni moins la seule place du vieux Cefalù. La bataille fut certainement rude pour la conserver au fil des siècles, tant le moindre mètre carré est bâti dans cette ville.
Inratable, perchée sur une flopée de marches, la cathédrale nous toise. Elle fut érigée par les Normands, qui sont décidément partout (nous compris !), dans un style simple mais efficace.
Nous nous perdons ensuite dans les chemins de traverse. À peine sortis des deux rues principales, nous replongeons dans l’Italie profonde des Vespa, des micro voitures, des portraits de la Vierge suspendus, des mamies qui sèchent aux fenêtres et du linge qui papote au balcon. Euh… l’inverse.
À l’est de la ville, plusieurs accès permettent d’admirer la mer houleuse dans son inlassable combat contre des rochers qui ne bronchent pas.
Côté ouest, vers le petit port, mer et rivage semblent avoir signé un traité de paix. L’eau est si limpide que nous en voyons le fond. Au moindre rayon de soleil, elle s’illumine d’une de ces teintes dont les criques siciliennes ont le secret. Ajoutez à cela le panorama sur un patchwork de maisons sans âge et vous obtenez cette vue mémorable.
En parlant du rocher, il est possible d’y grimper. C’est un peu sportif, mais les gardiens nous aident en nous allégeant gentiment de quatre euros par personne (prévoyez l’appoint car ils ne rendent pas la monnaie).
Pas besoin de monter très haut pour profiter des paysages. Dès le premier tiers de l’ascension, une rangée de remparts toise la ville et offre une vue panoramique sur le vieux Cefalù.
Cefalù a longtemps joué au yoyo, vivant à certaines périodes sur le rocher, à d’autres au bord de l’eau. Tout dépendait du nombre d’ennemis et de pirates. À l’époque romaine par exemple, personne n’osait attaquer la ville et les habitants pouvaient prendre leurs aises au bord de l’eau. Mais dès la chute de l’empire, hop, les locaux ont repris leur nid d’aigle.
Au prix d’une bonne suée, nous atteignons le château qui siège au sommet de la Rocca. Nous avons déjà trop chaud en avril, ce doit être un calvaire en été. Mais, en guise de récompense, les ruines offrent une belle vue sur l’arrière de Cefalù, sa marina, une enfilade de jolies criques, ainsi que les crêtes des Madonie dont nous vous reparlerons plus loin.
Sur la descente, nous trouvons enfin la provenance des milliers de petites boules puantes aperçues au sol : une famille de chèvres qui a élu le rocher comme domicile !
Nous sommes de retour sur le plancher des vaches vers 18h. L’heure à laquelle les locaux sortent une chaise de leur tanière ou réquisitionnent leur banc favori pour contempler le ballet des touristes.
Parmi eux, il y a deux écoles. Certains se laissent happer par les terrasses branchées et les promesses de cocktails, tandis que d’autres chopent une simple chope à l’échoppe du coin et la dégustent sur la jetée. Nous imitons ces derniers !
Conseils pratiques pour visiter Cefalù
Train de Palerme à Cefalù
Comptez un départ par heure environ depuis la gare de Palerme et 45 minutes de trajet (horaires précis disponibles sur le site de Trenitalia). Il n’est pas nécessaire de réserver, vous pouvez prendre votre billet au guichet à la dernière minute puisqu’il n’y a pas de places attribuées. Prix 5,60€ l’aller.
Randonnée dans le parc national des Madonie
Avant de quitter la Sicile vers le pays voisin, la Tunisie, nous tenions absolument à explorer les montagnes des Madonie, dans l’arrière-pays de Cefalù. Il fallait juste attendre que les températures se réchauffent et que les sommets, enneigés tout l’hiver, redeviennent accessibles aux randonneurs.
Le dernier jour d’avril, c’est parti ! Nous louons une voiture et visons directement le deuxième sommet de Sicile après l’Etna. Rien que son nom nous met l’eau à la bouche : la Pizza Carbonara. Euh… pardon… le Pizzo Carbonara.
Petite faute de goût là-haut, quelqu’un a mis de la crème fraîche dans la carbonara (et ce n’est certainement pas un Italien). Nous pensions que la neige aurait déguerpi, mais nous passons finalement près de la moitié de la randonnée les pieds dedans. Nous n’aurions jamais cru fouler un jour la poudreuse tout en sachant que d’autres bronzent et se baignent à une dizaine de kilomètres seulement !
Nous remarquons que la neige est légèrement orange par endroit, la faute au vent du Sahara qui sème son sable. Cela doit faire tout drôle aux grains de sable, habitués à passer l’été sous 50°C. Nous repérons également sur la montagne d’en face les remontées mécaniques d’une mini station de ski. Qui l’eût cru, en Sicile !
La première partie de la randonnée n’est pas très impressionnante, parmi des arbres sans feuilles puis des cailloux sans arbres. Pas de traces non plus du monstre sicilien à trois jambes.
La seconde partie change de ton avec l’horizon qui se dégage sur la mer, un relief élancé et ce petit lac Mandria del Conte qui brille au soleil, presque sous nos pas.
Une fois notre boucle bouclée, nous reprenons le volant pour découvrir d’autres coins du parc naturel. Les paysages sont majestueux et agrémentés de nombreux panneaux de départ de sentiers de randonnée. Flûte, nous serions bien restés quelques jours ici pour en tester d’autres !
Nous mettons de côté nos envies pédestres pour découvrir les villages des Madonie, réputés pour s’insérer parfaitement dans le paysage. Tenez, voici par exemple Petralia Sottana et Petralia Soprana, deux villages voisins qui se répondent, chacun sur leur bout de colline.
Au détour d’une route, nous apercevons au loin le village de Gangi, recouvrant un flanc de colline entier. Dans le genre surprenant, il semble savoir y faire lui aussi. Puis nous entrons dans Polizzi Generosa, qui porte bien son nom : à chaque coin du village, il offre des vues généreuses sur les alentours. Sans parler de ses petites ruelles biscornues où le temps semble s’être arrêté.
Nous souhaitions faire un saut au village de Caltavuturo, hélas le loueur de voiture nous attend. Une demi-heure manque à notre planning. Même souci pour Castelbuono et Geraci Siculo, il nous manque d’autres demi-heures. Le massif des Madonie est superbe et, à refaire, nous y passerions au moins deux jours entiers en dormant sur place.
Conseils pratiques pour explorer les montagnes des Madonie
Venir dans les Madonie
En voiture, c’est simplissime, de bonnes routes traversent le parc ou le contournent, permettant l’accès à tous les villages et aux sentiers de randonnée. Le mieux est d’enchaîner avec Cefalù puisque la ville est très proche. Depuis Palerme, c’est plus long. Prévoyez presque deux heures de route jusqu’au point de départ de notre randonnée.
Nous regrettons que l’accès au parc national des Madonie ne soit pas aussi simple en transports en commun. Il existe bien quelques bus (principalement de la compagnie SAIS) qui rejoignent les villages depuis Cefalù ou Palerme, mais ils passent trop rarement pour être réellement utiles (une ou deux fois par jour et parfois à des horaires très matinaux). Les chances sont faibles que ces bus puissent aider à atteindre un point de départ de randonnée. Attention également au train, car s’il existe une gare qui se nomme Castelbuono, elle se trouve en réalité 13km plus bas, au niveau de la mer.
Randonner dans les Madonie
La boucle que nous avons réalisée jusqu’au sommet du Pizzo Carbonara comptait 8km de marche et 400m de dénivelé positif. Elle est simple à suivre grâce aux marques, sauf… si la neige les recouvre ! Dans ce cas, le tracé est disponible sur Wikiloc ici. De nombreux autres sentiers sont balisés dans le parc national des Madonie et ils sont même probablement plus intéressants que celui que nous avons suivi. Farfouiller sur le site Wikiloc est un bon moyen de les trouver.