Dans notre article précédent, nous nous étendions avec moult détails sur notre road trip d’une semaine depuis Marrakech, mais nous restions flous comme des mirages à propos de notre étape la plus à l’est, le désert de Merzouga. C’est que les dunes du Sahara nous ont tellement plu qu’elles méritaient bien un article à elles toutes seules. Enfilez vos chèches et suivez-nous à leur découverte !
Les vingt derniers kilomètres avant Merzouga ne laissent rien présager. Le terrain, plat à 360° et parsemé de cailloux noirs, ressemble à un vieux bitume oublié. Nous nous demandons si quelqu’un n’aurait pas passé un coup d’aspirateur sur le sable du désert. Soudain, des bosselettes orangées se devinent à l’horizon. Rapidement, elles se hissent, grandissent, grossissent jusqu’à envahir tout notre espace visuel.
Après avoir croisé, les jours précédents, des dizaines de panneaux « attention dromadaires » sans un seul camélidé en liberté, voilà que nous tombons sur un troupeau entier.
Pas farouches, ils se laissent approcher et nous offrent leurs meilleures grimaces. Surtout lorsqu’ils mastiquent à s’en disloquer la mâchoire. En même temps, les seules douceurs qu’ils trouvent à se mettre sous la dent dans cette pampa déshydratée sont des arbustes avec des épines de deux centimètres. Mâchez, les amis, mâchez.
Il s’agira de notre unique rapprochement avec des dromadaires. Nous décidons, plutôt que d’explorer les dunes sur leurs bosses comme cela se fait beaucoup par ici, d’utiliser nos propres pattes, à notre propre rythme. Et tant pis si nous ne campons pas dans une tente. Pour cela, nous dégotons un petit hôtel situé exactement à la lisière de la mer de sable. C’est le cas de le dire, le sable est au pied de la porte. Regardez plutôt !
Un thé de la bienvenue plus tard, il est temps de sortir explorer notre jardin. Euh… le désert. Avant de nous lancer, nous demandons par précaution au gérant de l’hôtel s’il est déconseillé d’y marcher seuls. C’est à peine s’il comprend notre question :
– Mais non, au contraire. Il suffit de marcher… où bon vous semble !
– Nous ne risquons pas de nous perdre, de nous enliser, de tomber sur un dromadaire enragé ?
– Rien de tout cela.
Alors c’est parti ! Nous remplissons nos gourdes à ras bord, juste au cas où, et visons la plus haute des dunes.
Il faut savoir qu’en milieu de journée le soleil endort les reliefs et jaunit les paysages. À l’inverse, en matinée et en fin d’après-midi, les rayons obliques réveillent les ombres, dramatisent les contrastes et donnent toute leur splendeur aux dunes orangées.
Mais oh ! Que sont ces petits cailloux ronds qui tapissent le sol ?
La confirmation se trouve derrière nous. Quelques caravanes de touristes se mettent justement en route sur nos traces et sur leurs traces de la veille, donc.
Nous n’avons plus du tout peur de nous perdre, il suffit de monter sur une dunette pour apercevoir la ville et retrouver son chemin. Nous découvrons que ces dunes ne s’abordent pas dans n’importe quel sens. Le vent pétrit l’une des deux pentes tel un rouleau compresseur et la rend facilement praticable, tandis que l’autre face tombe abruptement et se désagrège sous nos pas. En comprenant cela, nous doublons notre vitesse de croisière.
Tel le sable, le silence est d’or. Les ombres poursuivent leur séance d’étirements en des courbes irréelles, hypnotisantes.
Nous nous écartons des caravanistes pour démarrer l’ascension de la dune repérée. Elle culmine, paraît-il, à cent cinquante mètres au-dessus du niveau de la mer-zouga.
Nos doigts de pieds se sentant étrangement à l’étroit, nous profitons de la pause au sommet pour retirer nos chaussures. S’en écoule l’équivalent de deux ou trois thés à la menthe.
Nous attendons ici le coucher de soleil, avant de dévaler les pentes jusqu’à notre chambre.
Les dunes s’endorment et la voute céleste prend le relais. Le ciel du désert est fabuleux, percé d’autant d’étoiles qu’il y a de grains de sable sous nos pieds.
Mais nous n’avons qu’une idée en tête, foncer à nouveau dans les dunes pour le lever du soleil. L’hiver a ses avantages : le soleil n’émerge pas avant 8h, ce qui rend le réveil plus agréable qu’en saison chaude. La fraîcheur nocturne s’oublie vite après quelques enjambées de dunes.
Et quelles dunes !
Les couleurs matinales sont d’une douceur sans pareille.
Le rêve se poursuit avec notre petit déjeuner, dégusté les pieds dans le sable qui se réchauffe doucement sous les premiers rayons. Les crêpes marocaines et le jus d’oranges pressées n’ont jamais été aussi savoureux.
Comme nous restons une deuxième nuit sur place, une journée entière s’offre à nous. La température remonte timidement jusqu’à vingt-cinq degrés. Dites-vous qu’elle peut atteindre le double en plein été. D’ailleurs, nos hôtes nous expliquent qu’ils ferment l’établissement et prennent des vacances loin d’ici en juillet et août, le temps que le soleil se calme.
Au détour d’une conversation, ils nous racontent la recette locale pour guérir de tout, et en particulier des rhumatismes : se faire ensevelir dans le sable jusqu’au cou durant plusieurs heures, avec un petit parasol, une bouteille et une paille. Ce n’est pas une blague, des Marocains viennent de l’autre bout du pays pour un bain de sable.
Si vous tentez l’expérience, choisissez quelqu’un en qui vous avez confiance…
En cherchant une idée de sortie dans les alentours, nous découvrons un lac : le Dayet Srij. Oui oui, un lac, à trois kilomètres seulement des dunes. Il n’existe cependant qu’en hiver. Et encore, s’il a plu, car certaines années ne voient pas une goutte tomber. Pour l’atteindre, nous repérons une piste à peu près carrossable sur Google Maps. Et l’eau est bien là !
Les poissons ne doivent pas être nombreux à oser vivre ici. En revanche, une nuée d’oiseaux caquette un vacarme de tous les diables au-dessus de nos oreilles, tandis que nous repérons un peu plus loin ce qui ressemble à des flamants blancs.
Le soir, nous retournons nous amuser dans les dunes, puis… au revoir Merzouga, nous reprenons la route !
Notre avis sur Merzouga
Nous nous demandions s’il valait la peine d’avaler autant de kilomètres pour nous retrouver dans un paysage aride, probablement monotone et déjà vu maintes fois en photos. Oui ! Tellement ! Ces dunes rejoignent sans aucun doute le « top 3 » de nos plus belles expériences de voyage et nous en avons adoré chaque seconde.
Conseils pratiques pour explorer les dunes de Merzouga
Les différentes façons de profiter des dunes de l’erg Chebbi
Plusieurs options sont envisageables, nous allons tâcher de vous les expliquer :
- L’expérience du bivouac au milieu des dunes : il s’agit de la solution retenue par la majorité des voyageurs. Vous n’aurez aucun mal à trouver une agence pour vous faire vivre cette expérience puisque le désert est parsemé de campements. Les plus sommaires peuvent se dégoter directement sur place auprès de rabatteurs, mais il faudra certainement marchander pour obtenir un bon tarif. En réservant en ligne, vous éliminez l’étape du marchandage et vous pouvez vous rassurer en lisant les avis des clients précédents. Surtout, vous pouvez choisir le niveau de confort qui vous convient, du simple sac de couchage à la tente grand luxe. Une fois la réservation faite, les gérants vous indiqueront un lieu de rendez-vous durant l’après-midi et un guide viendra vous y chercher, soit à dos de dromadaire, soit en 4×4. Voir la liste des campements sur Bookingi.
- Dormir dans un hôtel et marcher seuls dans les dunes : c’est la solution qui nous convenait le mieux. Comme nous ne souhaitions ni monter sur un dromadaire, ni utiliser un 4×4, nous avons organisé notre visite seuls, sans passer par une agence. Les hôtels sont nombreux dans le village de Merzouga même, mais les dunes n’y sont pas très calmes, sans cesse traversées par des quads, 4×4 et dromadaires. Essayez de privilégier comme nous le village d’Hassilabied, 7km plus au nord. Nous avons absolument adoré notre hôtel. Il s’agit du Dar Lola (~54€ la nuit)i ouvert récemment avec peu de chambres, une ambiance paisible et des gérants au top. D’autres hôtels sont installés dans le voisinage. Mieux situé, ça n’existe pas !
- Dormir à l’hôtel et faire des excursions de quelques heures : si marcher ne vous intéresse pas, il est facile de trouver des guides au dernier moment pour une heure ou deux de dromadaire au coucher ou lever du soleil. Soit en rejoignant un groupe, soit avec un guide privé. Vous n’irez pas loin, à peu près là où nous avons marché, mais rien ne sert d’aller tout au fond du désert puisque les dunes sont déjà superbes à moins de 500m du rivage.
- Enfin, peut-être souhaiterez-vous louer un quad. C’est le choix de certains voyageurs et, pour tout vous avouer, nous les avons maudits pour le vacarme qu’ils faisaient. Le plaisir d’une personne gâche celui de cinquante autres personnes à la ronde. Si vous en louez, évitez au moins de rouler près des piétons, le désert est suffisamment vaste.
Combien de nuits rester à Merzouga
Nous avons choisi de passer deux nuits à Merzouga, ce qui nous a permis de prendre le temps d’apprécier l’un des plus beaux lieux du Maroc et de nous reposer des kilomètres de voiture. Nous avions un pincement au cœur en repartant, mais concrètement, nous n’avons rien fait de spécial en restant une deuxième nuit. Donc si vous êtes pressés, vous pouvez arriver au cours de l’après-midi, sortir dans les dunes au coucher puis au lever du soleil et repartir après le petit déjeuner.
Où manger
Merzouga ne manque pas de restaurants, mais nous n’en avons testé aucun car nous étions un peu loin. Si vous logez à Hassilabied, nous avons apprécié le tout petit Snack Mustapha, sur la place principale : sandwichs, omelettes, frites, soupe de haricots rouges… et avec un peu de chance, le gérant se souviendra de la recette de guacamole que nous lui avons enseignée !
Nous avons aussi pris l’un des dîners à notre hôtel, la plupart des établissements en proposent.
Quand venir à Merzouga
Explorer les dunes de Merzouga en hiver était une belle expérience. Il ne faisait pas chaud la journée, juste un peu frais le matin. Dès le début du mois de juin, il nous semble que les températures sont déjà trop élevées. Elles atteignent des records difficilement supportables en juillet et août, avant de redevenir acceptables en octobre.