Rabat et Casablanca : l’une nous enchante, l’autre pas

Nous laissons derrière nous la douce Tanger et glissons le long de l’Atlantique pour rejoindre Rabat, capitale politique du royaume, puis Casablanca son homologue économique. Voilà deux villes marocaines peu fréquentées des touristes, vous savez, ces enquiquineurs qui ne sont bons qu’à créer des embouteillages dans les rues piétonnes !

Dessin : qui est le touriste le plus lent entre Mi-fugue et Mi-raison ?

Euh… qu’est-ce qu’on disait déjà ? Ah oui. Nous rejoignons Rabat via la nouvelle ligne de TGV inaugurée trois mois plus tôt, le tout premier train à grande vitesse d’Afrique, s’il vous plaît. Nous fonçons à l’allure inespérée de 320km/h à travers les vertes collines du nord marocain et ses champs de…. de….. zut, les paysages défilent trop vite.

Dessin : dromadaire dans le nouveau TGV marocain

 

Rabat, une capitale étonnamment charmante

Certes, Rabat est une ville grande et moderne, certes il s’agit de la capitale, certes la plupart des voyageurs ne l’incluent pas dans leur itinéraire marocain, mais elle ne manque pas d’intérêt.

Nous commençons notre découverte en franchissant l’épaisse muraille de la médina et en nous laissant porter par le hasard de nos pas. Rapidement, nous tombons sur une partie animée, la longue et étroite rue Souika (comme souk ?), débordant de marchandises.

Souk dans la médina de Rabat, Maroc

Ici, et malgré le nom de la ville, aucun rabatteur ne cherche à attirer le touriste, tout est à destination des habitants, de la casserole au téléviseur en passant par l’artichaut, le sac Louis Vuitton ou le poisson frit servi à tous les coins de rue.

Théières au souk

En tournant à gauche sur la rue des Consuls, juste avant d’atteindre la mer, nous tombons sur le souk de l’artisanat qui attire bien moins de clients. Les vendeurs se redressent un peu sur leurs chaises à notre approche, les plus entreprenants nous proposent sans trop y croire de jeter un œil à leur boutique. Non merci, c’est gentil. Une autre fois peut-être ? Euh… oui, peut-être !

Souk d'artisanat à Rabat, Maroc

Ce n’est pas la plus belle médina du Maroc, beaucoup de ruelles sont décrépies, mains certaines s’en sortent grâce aux talents de peintres et de jardiniers des habitants. Figurez-vous que l’aspect labyrinthique, qui nous rendait chèvre dans d’autres médinas du pays, viendrait presque à nous manquer ici où les rues sont dessinées à l’équerre.

Ruelle de la médina de Rabat au MarocRuelle de la médina de Rabat

Pour le déjeuner, un riad bien caché nous accueille dans sa jolie cour. Évidemment, les plats proposés tournent comme d’habitude autour du tajine et du couscous…

Tajine aux légumes, Maroc

… mais nous y faisons une découverte importante, voire capitale : la tfaya. Qu’est-ce donc ? Il s’agit d’une petite sauce à base d’oignons caramélisés, de raisins secs et de cannelle que certains restaurants proposent en accompagnement du couscous. Attention, il ne faut pas avoir la main trop lourde car c’est très sucré, mais ensuite les yeux roulent tous seuls dans leurs orbites à chaque bouchée.

Nous remettons nos yeux en face des trous, quittons la médina et franchissons deux cents mètres plus loin la porte de la kasbah des Oudayas. En effet, Rabat nous offre deux quartiers fortifiés pour le prix d’un, à croire qu’il y avait des attaques d’envahisseurs tous les quatre matins.

Kasbah des Oudayas, Rabat

Nous entrons dans la kasbah via les très beaux Jardins Andalous qui, il fallait s’y attendre, nous rappellent ceux de Grenade ou de Séville.

Jardins andalous de Rabat, Maroc

Puis, par une petite porte, nous atteignons le Café Maure, perché sur les remparts, qui sert thés à la menthe et pâtisseries. En nous enfonçant au fond à droite du café, dans ce qui ressemble à un passage de service, nous dégotons les plus belles tables avec vue sur les remparts !

Thés à la menthe marocains

Nous traversons une autre porte pour accéder aux ruelles de la kasbah et – VLAN ! – nous nous prenons une grosse claque visuelle. Tout est adorable. Chaque angle de vue pourrait être un tableau. Un tableau bicolore, le peintre devait avoir une réduction sur les tubes de couleurs blanches et bleues.

Kasbah des Oudayas à Rabat

Nous imaginons que les lieux sont un peu plus pris d’assaut à la haute saison, mais un jour de semaine en hiver, nous n’y croisons que des matous qui dorment et des piafs qui vont et viennent en sifflotant.

Ruelle de la Kasbah de RabatRuelle bleue et blanche à Rabat, Maroc

Tout au bout de la kasbah, le bleu et le blanc changent de teinte. Nous atteignons un belvédère qui offre une vue sur l’océan et ses vagues déchaînées. Les surfeurs, dans leurs combinaisons d’hiver, n’en ratent pas une.

Plage de Rabat, Maroc

Sur la droite, de l’autre côté du fleuve Bouregreg, une ville nous toise. Il s’agit de Salé, la sœur jumelle de Rabat. Dommage que de nouveaux immeubles modernes soient en cours d’alignement à peine plus loin, car ils gâchent d’ores et déjà le panorama.

Vue sur Salé depuis Rabat

Le long du fleuve s’étirent les quais. C’est ici que les photographes trouveront le meilleur point de vue sur la kasbah de Rabat.

Remparts autour de la médina de Rabat, Maroc

Des barques proposent la traversée vers Salé. Nous restons côté Rabat, au milieu des pêcheurs qui s’activent sur leurs filets.

Qui s’activent… très très dur !

Sieste du pêcheur

Enfin, un petit quart d’heure de marche nous mène à la tour Hassan, alias le demi-minaret. Au XIIᵉ siècle, la construction d’une immense mosquée fut démarrée puis laissée en plan. Restent ce morceau étrange et une ribambelle de colonnes qui auraient dû soutenir un toit.

Tour Hassan à Rabat, Maroc

Juste derrière se trouve le mausolée de Mohammed V, grand-papa du roi actuel, surveillé par huit gardes dans de drôles d’uniformes. Qu’est-ce qui est le plus difficile : garder son sérieux dans un habit pareil ou se retrouver pris en selfie toute la journée par les visiteurs ?

Mausolée de Mohamed V, RabatDessin : Gardien du mausolée de Mohammed 5, Rabat, Maroc

 

Notre avis sur Rabat

Rabat est injustement évitée par la majorité des voyageurs au Maroc mais, si vous en avez l’occasion, nous vous conseillons de ne pas faire cette erreur. La ville est intéressante, aérée et peu oppressante. Même les ruelles de la médina semblent pleines d’espace, pour vous dire. Surtout, nous avons eu un coup de cœur pour la kasbah des Oudayas, absolument adorable.

Conseils pratiques pour visiter Rabat

Transports entre Tanger et Rabat

Le TGV met 1h20 depuis Tanger et coûte 172 dirhams le weekend, moins si vous voyagez en semaine. Consultez les horaires en ligne mais rendez-vous plutôt en gare pour acheter les billets car le système de paiement n’est pas au point. Évitez de le faire au dernier moment car contrairement aux trains classiques, les TGV peuvent être pleins.

Se déplacer dans Rabat

Nous avons beaucoup apprécié le tramway, moderne, pratique et fréquent pour 6 dirhams le ticket. Sinon, les petits taxis sont partout et leurs tarifs ne sont pas beaucoup plus élevés.

Où manger

Nous avons trouvé le restaurant Dar El Medina dont nous vous parlons plus haut grâce aux conseils du blog Map and Fork (qui parle très bien de Rabat). Il est installé dans une jolie cour et le rapport qualité/prix est plutôt bon en comparaison des autres restaurants de la ville qui abusent un peu. Pour le trouver, rendez-vous dans la section des bijoutiers de la rue du souk, reconnaissable à son plafond couvert et ses vitrines clinquantes, puis demandez aux commerçants de vous l’indiquer. Comptez 60 dirhams pour un tajine ou un couscous.

Visiter Salé

Si vous avez du temps à Rabat, vous pouvez en profiter pour visiter Salé juste à côté. Lire cet article du blog Voyager en Photos pour en savoir plus.

Dormir à Rabat

Comme Rabat est moins touristique que d’autres villes du Maroc et qu’elle attire davantage une clientèle professionnelle, les logements ne sont pas donnés. Nous avons toutefois trouvé un bon plan chez Hostfamily Essaghir (~33€)i : un mini studio archi propre à quelques stations de tramway du centre.

 

Casablanca, plus difficile à aimer

Nous décidons de donner également sa chance à Casablanca, ne serait-ce que pour son nom si attrayant. Ce n’est cependant pas la même histoire que Rabat. Difficile de se sentir tranquille et apaisé au milieu de l’agitation générale et des torrents de klaxons. Difficile aussi de se déplacer autrement qu’en taxi, les bus étant bondés et les distances bien longues. Nous sommes toutefois parvenus à visiter quelques coins intéressants !

Nous commençons par le quartier des Habous, beau et surprenant, avec ses centaines d’arches et ses tons ocre et blancs. C’est ici qu’ont judicieusement choisi de s’installer les antiquaires et les boutiques de décoration.

Ruelle des Habbous, Casablanca, MarocQuartier des Habous, CasablancaHabous, Casablanca, MarocArtisanat dans le quartier des Habous à Casablanca

Non loin se trouve l’ancien Palais Royal, mais nous sommes refoulés à sa grille. Cela nous apprendra à ne pas consulter les jours d’ouverture, les lundis et mardis uniquement.

Nous retraversons tous les embouteillages de la ville pour nous rendre au nord, en bord de mer. Nous comptions prendre un verre au Rick’s Café, réplique du décor de Casablanca, le film, mais rebelote, nous arrivons à l’heure de la pause. De toutes façons, nous n’avions pas la « tenue correcte exigée » par le petit panneau à l’entrée.

Juste derrière, le quartier de l’ancienne médina nous accueille malgré nos tenues de touristes pas du tout distinguées. Un coin de la ville un peu surprenant, avec ses murs blancs, ses boiseries traditionnelles et son sol jonché de détritus, mais vivant avec ses nombreuses épiceries, ses gamins qui jouent et ses mobylettes lancées à toute berzingue.

Ancienne médina de Casablanca, MarocVendeur de pains marocainsAncienne médina de Casablanca, Maroc

Nous nous sommes laissé le meilleur pour la fin : la mosquée Hassan II, l’emblème de Casablanca, majestueuse, magnifique, à demi posée sur l’océan.

Mosquée Hassan II à Casablanca

Il s’agit de la seule mosquée marocaine à autoriser l’entrée aux non-musulmans, mais le tarif nous dissuade (12€). Qu’importe, le lieu est déjà superbe de l’extérieur, et notamment le minaret finement travaillé, un petit chef-d’œuvre. Pardon, un grand chef-d’œuvre. Il culmine à 210m, soit le plus haut du monde, et de loin.

Mosquée Hassan II à Casablanca

 

Notre avis sur Casablanca

La ville ne nous a pas franchement charmés. Elle est poussiéreuse, les bâtiments sont à la fois récents et décrépis et l’ambiance est plus stressante qu’ailleurs, avec la circulation incessante et les passants qui courent après la montre. Si vous venez par curiosité touristique, vous risquez d’être déçus. Le lieu qui nous a le plus emballés est sans aucun doute le bord de mer autour de la mosquée. Si vous n’avez que quelques heures à consacrer à Casablanca, c’est ce coin que nous vous conseillons d’explorer.

Conseils pratiques pour visiter Casablanca

Transport entre Rabat et Casablanca

La nouvelle ligne de TGV relie les deux villes mais, puisque la distance est courte, autant économiser en montant dans un train à petite vitesse. Prix 35 dirhams, durée 1h.

Se déplacer dans Casablanca

Prévoyez large car les distances sont grandes et les rues bondées. Les bus aussi sont souvent pleins à craquer. Le tramway est plus efficace, mais il ne dessert pas assez de quartiers. Nous avons fini par n’utiliser que les petits taxis (rouges) qui fonctionnent de façon partagée avec des compteurs spéciaux capables d’enregistrer quatre courses en parallèle, puisqu’il y a quatre places passagers. Hélez tous les taxis qui passent même s’ils sont déjà pris et annoncez votre destination au chauffeur, qui répondra oui ou non, suivant ce qui arrange les autres passagers.

Se loger à Casablanca

Nous étions logés chez la sœur de Mi-fugue, expatriée ici. Mais pour être déjà passés par cette ville deux ans plus tôt, sachez que les hôtels sont globalement beaucoup plus chers que dans le reste du Maroc et plus mal notés. Une capitale faussement économique ! Pour les petits budgets, des particuliers louent des chambres sur Airbnb.

Manger sur le pouce dans le quartier Habous

Désolés, nous n’avons pas de conseils resto pour Casablanca. Mais si vous avez une petite fringale dans Habous (le quartier des arches blanches), nous avons bien apprécié le snack Ali Baba, pour un sandwich à l’omelette par exemple. Le personnel est très sympa et les frites délicieuses ! À déguster sur un banc de la place.