Dans l’article précédent, nous vous laissions à Pondichéry, en Inde. Après une courte pause en France, nous repartons en direction du Maroc. Et comme nous ne sommes pas pressés, nous nous accordons une étape de trois jours en chemin, dans la belle petite ville de Tarragone.
Pour ceux qui ne connaissent pas Tarragone (et vous avez le droit, nous ne la connaissions pas non plus), elle se situe en bord de mer à une petite centaine de kilomètres ou une heure de train au sud de la rayonnante Barcelone. Elle est surtout beaucoup plus tranquille et confidentielle, une bonne façon d’échapper à l’effervescence de la ville de Gaudí !
Dans les ruelles tarabiscotées de la vieille Tarragone
Nous débarquons à Tarragone un soir de février. Il devait faire un froid de canard, nous direz-vous ? Eh bien pas tant que cela, la côte espagnole reste douce l’hiver. Les couleurs chaudes choisies pour peinturlurer les bâtiments aident probablement à grappiller quelques degrés.
Nous allons au hasard des ruelles timidement éclairées, comme plongés dans un vieux film policier. L’objet de notre enquête : trouver où dîner. Hélas, le décalage horaire à l’espagnole a encore frappé et, à 19h, la plupart des restaurants ont les portes closes. Ce n’est qu’à partir de 20h, voire 21h que les habitants ressortent. La sieste est longue par ici !
Nous finissons par débusquer un bar à tapas typique et sympathique. La faim était déjà bien présente, mais à 2€ seulement le verre de vino tinto, la soif est subitement apparue elle aussi.
Le lendemain, nous redécouvrons la vieille ville sous son vrai jour. Les couleurs roses, orange, ocre des façades explosent au soleil et nous invitent à explorer chaque ruelle, que nous partageons avec quelques petits vieux qui rentrent du marché et quelques petits jeunes qui dévalent les pentes pour ne pas rater le bus. Les touristes, grands absents, sont certainement en train de dévaler d’autres pentes dans les Pyrénées.
Ce que nous remarquons rapidement, ce sont les drapeaux rouge et or qui semblent avoir fleuri sur les balcons depuis la crise de l’indépendance catalane avortée.
Dans un registre moins politique, les terrasses de cafés et de bars fleurissent elles aussi dans les rues de Tarragone. Si vous connaissez un coin du monde qui étale autant de terrasses que la péninsule ibérique, prévenez-nous, nous y fonçons directement !
Que boivent les Tarragonnaises et les Tarragonnais ? De la bière, bien sûr, mais aussi… regardez à deux fois les verres de Coca qu’ils semblent siroter. Il s’agit de vermut, l’apéro préféré des Catalans. C’est doux, légèrement amer, mais ça passe tout seul avec une portion de patatas bravas !
Ce vieux quartier nous donne l’impression d’être particulièrement chouchouté. Non seulement il est piéton et parsemé de quelques places aérées, mais il est aussi préservé des enseignes internationales. Les petites boutiques d’artisanat ou de spécialités locales perdurent tandis que les bistrots semblent servir les mêmes cafés au lait depuis des siècles.
Notre recoin préféré est la tranquille place de Sant Bernat, où les terrasses s’étalent sans prétention autour de quelques bouts de ruines.
Enfin, au centre du centre de Tarragone trône le plus bel élément du patrimoine de la ville, sa cathédrale. Il paraît que l’emplacement a vu passer un temple romain, une première cathédrale, une mosquée, avant de voir débarquer cette deuxième cathédrale. Dommage que les bâtisseurs n’aient pas reconstruit à côté à chaque fois !
Autour du vieux centre de Tarragone… des ruines !
Tarragone peut se targuer d’avoir été fondée par les Romains, certainement alléchés dans cette région par les parfums de paella, tortilla, sangria, toussitoussa. Et, preuve qu’ils s’y sont plu, ils ont laissé quelques traces.
Nos préférées sont les ruines de l’amphithéâtre. L’histoire dit que de nombreux martyrs chrétiens furent mis à mort ici, devant les spectateurs romains, ce qui explique la présence des ruines d’une petite église wisigoth en plein milieu. Oui oui, des Goths, venus des bords de la lointaine mer Baltique. Les parfums de paella, tortilla, sangria, toussitoussa ont décidément un pouvoir attractif bien puissant.
Plutôt que de payer les 3,30€ d’entrée de ce site, nous optons pour le pass spécial « ruines » vendu 7,40€ qui nous mène aux autres curiosités des ennemis d’Astérix et Obélix. C’est ainsi que nous visitons un bout de l’ancien cirque romain, flanqué de sa « Torre de les Monges », puis le forum romain, sorte de jardin agrémenté de quelques colonnes antiques.
Si vous n’êtes pas férus d’histoire et que vous voulez économiser un peu, sachez que l’amphithéâtre, le cirque et le forum s’observent très bien à travers les grilles.
Il n’y a que pour visiter les murailles romaines que l’achat d’un billet est inévitable (3,30€ seul ou compris dans le pass). Il s’agit d’une gentille promenade dans un petit jardin, au pied des remparts et… c’est déjà pas mal, mais nous pensions pouvoir grimper sur la corniche pour observer la vue. Dommage.
Sortir de la vieille ville
Tarragone ne s’arrête pas à ses petites ruelles pavées. Non loin, elles laissent place à des boulevards où se joue toute l’animation.
Le Mercat Central est un bon exemple de marché couvert à l’espagnol comme nous en avons visité à Madrid, Valence, Barcelone, Tenerife, avec une superbe structure extérieure et un haut plafond qui résonne à l’intérieur.
Les stands sont impeccablement tenus, propres et soignés. À peu de choses près, nous les confondions avec des bijouteries. Il ne s’agit pas du meilleur endroit où acheter son kilo de pommes de terre à bas prix, mais c’est une bonne idée de lieu où déguster quelques spécialités.
Qui dit ville espagnole dit Rambla, une longue avenue plantée d’arbres où les habitants déambulent en fin d’après-midi pour profiter de la fraîche et se saluer joyeusement. Tarragone possède non pas une, mais deux ramblas. La Rambla Vella (vieille) n’a que peu d’intérêt, en revanche la Rambla Nova est l’objet d’une belle balade.
À l’une de ses extrémités se trouve une grande statue, le Monument als Castellers, qui rend hommage aux tours humaines catalanes. Elles sont paraît-il de toutes les fêtes, mais surtout, les anciennes arènes de corrida de la ville hébergent un immense concours de Castells une fois tous les deux ans. Les prochaines devraient logiquement se dérouler vers le mois d’octobre 2020.
L’autre bout de la rambla mène au Balcon de la Méditerranée, une sympathique promenade en hauteur, avec vue sur la plage d’un côté, le port de commerce de l’autre.
Mini randonnée sur la Costa Daurada
Inspirés par le doux soleil hivernal, nous nous élançons dans une autre balade en bord de mer à une poignée de kilomètres au nord de Tarragone, avec pour objectif final la petite station balnéaire de La Móra.
Cette randonnée commence par une longue plage à l’eau transparente et au sable bien dur, idéal pour cheminer sans s’en mettre plein les chaussures.
Le sentier côtier s’enfonce ensuite entre les pins et nous offre régulièrement des fenêtres sur l’horizon marin. Le genre de fenêtres que tout le monde aimerait avoir chez soi.
Trop heureux d’être là en t-shirt, en plein mois de février, nous gambadons tels des lapinous au retour du print… euh… pardon… l’enthousiasme nous emporte.
Il y a encore moins habillés que nous, puisque nous tombons sur quelques naturistes au fond des criques. Visiblement, les Catalans ont le climat idéal pour 1) boire des coups en terrasse et 2) se dorer le popotin tout au long de l’année. Pour se baigner, c’est un peu plus compliqué, l’eau étant encore sacrément fraîche !
Une promenade que nous vous recommandons, allez-y les yeux fermés. Enfin… façon de parler.
Notre avis sur Tarragone
Voilà une ville qui sait plaire, que ce soit pour une escapade depuis Barcelone, en guise d’étape lors d’un road-trip le long de la côte ou même un long voyage jusqu’au Maroc. Nous nous serions bien vus y rester plus longtemps. La ville est tranquille (du moins en basse saison), charmante, et les commerçants y sont particulièrement enjoués.
Conseils pratiques pour visiter Tarragone
Transports pour rejoindre Tarragone
En venant de France, il vaut mieux viser d’abord Barcelone, puis réaliser un changement. Les connexions sont nombreuses entre les villes françaises et Barcelone en train (6h30 depuis Paris) ou en bus. Nous sommes arrivés de Perpignan avec la compagnie Flixbus (8,99€). Une fois à Barcelone, le train est le moyen le plus simple de rallier Tarragone (10,55€, une heure environ).
Où dormir à Tarragone
Le prix des logements est en moyenne élevé à Tarragone. Nous avons cependant trouvé sur Booking ce petit appartement (50€ en février, malheureusement davantage en haute saison)i situé dans les mignonnes ruelles du vieux centre. Il est sérieusement géré, parfaitement équipé avec tout le nécessaire pour cuisiner et peut accueillir jusqu’à quatre personnes.
Où prendre un verre
Ah ça, vous ne risquez pas de mourir de soif à Tarragone, il y a des terrasses de bars partout ! Mention spéciale au bar La Maduixa sur la petite place Sant Bernat, au patron très accueillant. Comptez 8,90€ pour deux vermuts et une grande assiette de patatas bravas.
Où déguster de bonnes tapas
Nous avons bien aimé notre petit resto à tapas du premier soir : Coimbra Tarragona. L’établissement semble réputé auprès des locaux, ce qui est toujours bon signe dans une ville touristique. Les tapas sont bonnes et copieuses, n’en commandez pas trop !
Où manger sur le pouce
Dans le vieux centre, nous sommes tombés sur un bon petit stand de fast-food végétarien appelé Teca Tàlem. Vous commandez au stand dans la rue, puis le cuisinier vous apporte votre repas dans la salle située juste en face. Encore un accueil au top : alors que nous étions à la rue en attendant notre train, la gérante nous a permis de nous installer une heure avant que le restaurant n’ouvre.
Randonner sur la Costa Daurada
Il est possible de marcher directement depuis Tarragone. Nous avons préféré nous approcher de 5km grâce au bus n°12 qui dessert les plages du nord. Descendez par exemple à la station Mas Rabassa (1,50€, durée 15 minutes, fréquence toutes les 40 minutes en semaine, beaucoup moins le weekend). Nous avons marché jusqu’au château de Tamarit, soit environ 5km, puis nous sommes légèrement revenus en arrière pour attraper le même bus n°12 près de la plage de La Móra. Les stations et itinéraires des bus de Tarragone sont disponibles sur Google Maps. Pensez à prendre un maillot de bain à la belle saison… ou pas, puisque c’est plus ou moins naturiste !